Pauline CLOTAIL – Tapissière d’ameublement et Ennoblisseur textile

Quand l’étoffe se révèle !

Pauline CLOTAIL – Tapissière d’ameublement & ennoblisseur textile

Y a-t-il un hasard dans les rencontres ? J’en doute fort. La preuve lorsque j’ai rencontré la plumassière Valérie TANFIN. Une rencontre qui m’a amené à découvrir les savoir-faire de Pauline, spécialiste du textile comme j’aime la présenter.

Tapissière d’ameublement, sa passion pour le tissu l’a conduite vers l’ennoblissement textile via notamment le travail de la teinture végétale. Une démarche éthique qui fait sens et se conjugue à merveille avec son savoir-faire 1er qu’elle nous fait découvrir aujourd’hui

Pauline quel est ton parcours ?

Originaire de Strasbourg, je me suis installée à Toulouse il y a quelques années. Après des études en littérature, j’ai décidé de me réorienter vers les métiers d’artisanat d’art et suis partie sur Aix-en-Provence pour faire un CAP menuiserie.

Un cursus qui m’a permis de découvrir concrètement la vie en atelier et le travail manuel. Puis, curieuse de découvrir d’autres matières et je me suis orientée vers celui du tissu via un CAP en tapisserie d’ameublement. Le tissu,…une matière pour laquelle j’avais un réel attrait et dont le mix avec le travail du bois faisait sens pour moi.

Un parcours complet qui m’a permis en me spécialisant dans le textile, de me lancer à mon compte en 2017 et d’ouvrir mon propre atelier « Ligne Méridienne ».

En quoi consiste ton métier de tapissière d’ameublement ?

Cette profession englobe tout ce qui concerne la restauration d’assises. D’une chaise à un canapé en passant par un divan, ce savoir-faire nous amène à nous occuper tant de la garniture que du dossier d’une assise.

Souvent, il faut restaurer aussi la structure même de celle-ci et c’est là où mon expertise en ébénisterie représente un 1^er petit plus.

Mon métier peut aussi m’amener à m’occuper d’éléments de décoration annexes tels que : coussins, jetés de lit, courtepointes, rideaux tête de lit, tissus tendus…

Comment es-tu venue à ton 2^nd métier d’ennoblisseur textile et à ta spécialisation en teinture végétale ?

Cette 2^nde corde à mon arc vient de mon intérêt pour le travail de la matière (lin, laine,…) et pour sa provenance.
J’ai très vite eu la volonté de créer mon propre textile et de développer des collaborations afin d’innover encore et toujours. Donc 1 an après l’ouverture de mon atelier, je débutais mes 1ères teintures végétales.
Pour cela je privilégie les fibres locales comme la laine des Pyrénées ou bien des matières précieuses comme la soie sauvage. Quant aux tissus, je sélectionne au maximum des étoffes issues de la récupération : linge ancien, draps en chanvre ou en lin.

Conjuguer ces deux disciplines fait sens pour moi car elles s’inscrivent dans une réelle démarche durable et écologique. C’est comme une suite logique à mon métier de tapissière.

^{Phase de teinture végétale par Pauline elle-même}

Qu’est-ce que tu aimes dans la teinture végétale ?

Le rapport avec la nature tout d’abord. Quelle chance nous avons d’avoir une flore si variée et généreuse. Qu’il s’agisse des végétaux que je cueille en pleine nature ou bien des extraits tinctoriaux, c’est une large palette de teintes qui s’offre à nous. De la garance au châtaignier en passant par du millepertuis, la flore est d’une grande richesse. On peut teindre la matière avec les écorces, les feuilles, les racines,…
Avec tout !

Ce savoir couplet à celui de tapissière d’ameublement fait appel à mes sens. Préparer le tissu, le tremper dans les bains, (patienter…parfois longtemps 😊) et voir quelle nuance va en ressortir.
Personnellement, je trouve qu’il y a quelque chose de poétique, de doux, dans cette pratique.

Depuis environ 3 ans maintenant je développe aussi la création de Pojagi que l’on peut décrire comme des voilages utilisant la technique du patchwork. Il s’agit d’une tradition ancestrale de couture à la main Corréenne que je préfère appeler « vitrail textile » pour plus de poésie. Ce que j’aime dans cette technique c’est qu’elle sublime la couleur végétale et la couture à la main.

^{Créations selon la technique « Pojagi »}

**Quelles sont les valeurs/messages que tu souhaites mettre en avant via « Ligne Méridienne » ?**

L’artisanat tout d’abord. Aujourd’hui notre secteur manque de mains d’œuvre et il est pour moi nécessaire de participer à la transmission de nos savoir-faire, d’en dépoussiérer l’image (parfois vieillotte que certains peuvent en avoir).
Partager ces savoirs est la meilleure façon de les faire perdurer. Eveiller les mentalités quant aux savoir-faire ancestraux, à la valeur du travail manuel, mettre en lumière le large champs des possibles,…sont des actions pour lesquelles je m’engage à mon échelle en proposant des stages d’initiation par exemple.

Ensuite la notion de durabilité des objets est primordiale pour moi. Face à la part grandissante de la fast fashion dans notre quotidien, le fait de pouvoir donner une 2^nde vie au mobilier fait sens pour moi. Plutôt que de toujours acheter, apprenons (ou réapprenons devrais-je dire) comme cela se faisait dans le passé, à réparer les choses.

Pour finir, quels sont à aujourd’hui tes projets/leitmotiv ?

Continuer à sensibiliser un maximum de personnes aux méthodes ancestrales et partager ces savoir-faire. Qu’il s’agisse des gestes métiers en tant que tapissière d’ameublement ou bien de la teinture végétale, partager ces savoirs/connaissances est pour moi la meilleure façon de les faire perdurer.
J’aimerais aussi avoir mon propre jardin tinctorial. Un lieu que je pourrai faire visiter afin de sensibiliser le public à mon approche de la teinture végétale.
Continuer de créer du mobilier et des objets de décoration d’intérieur, en concevant mes propres tissus en teinture végétale et développer mes réalisations en pojagi.
Innover est pour moi moteur. Grâce à mes collaborations que ce soit par exemple avec la décoratrice d’intérieur Corinne RACAUD de L’Élégance autrement, l’ébéniste-designer Vincent SABES ou bien encore les Editions La Lune, ma recherche créative va encore plus loin quand je suis dans l’émulation d’un projet collectif.
Je souhaite donc continuer à prendre part à des collaborations de ce genre.

Et vous avec qui aimeriez-vous voir Ligne Méridienne collaborer ?

_ _ _ _ _

Envie d’en apprendre plus sur Pauline CLAUTAIL et sur la teinture végétale ? C’est par ici !