La magie de la peinture sur l’eau
Baykul BARIS YILMAZ : marbreur ébru
Originaire d’Istanbul, c’est là-bas que Baykul découvre ce savoir-faire ancestral turc.
Cuisinier à cette époque, c’est aux côtés de son Maître, Alparslan Babaoglu, qu’il va commencer en parallèle de son travail à s’initier à cet art.
Une pratique artistique qui se joue des couleurs et les fait parler sous nos yeux ébahis.
Cet art, c’est celui de la marbrure de papier ébru
Baykul, qu’est-ce que signifie le terme « ébru » ?
Ebru en turc signifie « nuage ». Lorsque l’on parle de papier ébru, on fait référence à une technique turque grâce à laquelle nous réalisons des dessins sur l’eau.
Le terme ne vous dit peut-être rien mais vous en connaissez très certainement le rendu final, que vous avez pu voir par exemple, sur les couvertures de livres anciens.
Longtemps oublié, ce métier a été remis sur le devant de la scène en 2014, lors de son entrée sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO.
En quoi consiste cet art ? Quelles en sont les étapes ?
Il s’agit de dessiner sur l’eau grâce à des assemblages de couleurs.
Concrètement à partir d’un bac d’eau où est mélangé de la gomme d’adragante (une algue irlandaise) et un fixateur, nous allons déposer à l’aide d’un pinceau des pigments naturels qui vont faire comme des nuages de couleur.
Une fois les couleurs déposées nous allons jouer avec des outils afin de réaliser des formes. Ensuite, nous allons y apposer une feuille de papier blanc pendant quelques secondes afin de laisser la magie opérer. TIC TAC TIC TAC…
Une fois retirée du bac, les motifs créés se révèlent à nous comme par magie. Dernière étape : le séchage à l’air libre.
Ca y est le tour est joué, une nouvelle feuille de papier ébru est née !
Il faut savoir que tout dans mes créations est 100% naturel. Qu’il s’agisse des pinceaux que je fabrique moi-même en crin de cheval aux pigments naturels que j’utilise en passant par les baies de savonie qui jouent le rôle de fixateur naturel, je mets un point d’honneur à utiliser ce que la nature nous offre.
Ma philosophie créative est de toujours « faire mieux » tout en gardant ma spontanéité. C’est une pratique telle de l’art thérapie. Elle vous amène à lâcher-prise vis-à-vis de la technique, à ressentir, à vivre l’instant présent. Tout comme en cuisine, tout est une question de dosage. Vous devez jouer avec les quantités dans le but de trouver l’équilibre parfait pour créer un tout harmonieux.
Combien êtes-vous à exercer ce métier en France ?
A ma connaissance, 3 à exercer à titre professionnel. Quant à la technique ébru, je suis le seul.
Le fait que nous soyons peu à pratiquer pourrait amener ce savoir-faire à disparaitre. Il est donc primordial pour moi de faire découvrir cet art à un plus grand nombre de personnes.
Une soif de partager ton savoir-faire qui fait que tu dispenses aujourd’hui des cours.
Oui, c’est exact. Je propose deux types de cours, ici, dans mon atelier parisien.
D’une part, les ateliers d’initiation (en petit comité) que je propose via We Can Doo et AirBnb Experiences. Lors de ce moment de partage j’explique l’histoire de ce métier, les différentes techniques et puis, nous créons ensemble plusieurs papiers ébru avec lesquels les participants repartent.
Le 2nd type de cours se déroule quant à lui sur une semaine. Il s’adresse aux personnes qui souhaitent vraiment découvrir cet art en profondeur et toutes ses techniques de A à Z.
Peux-tu nous en dire plus sur ces techniques ?
Il en existe plusieurs permettant de créer divers motifs. Nous avons la technique :
– cuatée
– cuatée veinée
– veinée
– peignée
– plume de paon
– monogramme
– feuille de chêne
– espagnole
– coquille/escargot (appelée « nid de rossignol » en turc)
Aujourd’hui qui sont tes clients ?
A ce jour, je travaille principalement pour des relieurs et des institutions telle que la BNF. Ces collaborations symbolisent pour moi le fait de sublimer la connaissance en réalisant les couvertures de livres souvent anciens. Je participe ainsi à ma façon à la préservation du patrimoine.
Au-delà de ces collaborations liées au monde littéraire, je développe de nouvelles applications de mes dessins. J’ai par exemple déclinés ceux-ci sur de la soie, du cuir et aussi sur des packagings.
Aujourd’hui, tout en conservant ce fil conducteur de l’excellence dans mes papiers ébru, je souhaite décliner mes créations et développer des collaborations avec des acteurs d’univers variés. Spiritueux, haute couture, parfumerie,…le champs des possibles est immense pour de nouveaux projets où l’art de la marbrure ébru serait valorisé.
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Envie d’en apprendre plus sur Baris BAYKUL ILMAZ et découvrir son savoir-faire ? C’est par ici !
Crédits photos :
©Baykul BARIS YILMAZ
©AIR BNB Experiences
©WE CAN DOO