Aller au contenu
Accueil » Garance DUPONT – Artisan Mosaïste

Garance DUPONT – Artisan Mosaïste

Meli mélo de tesselles bleues

La passion des tesselles en héritage
Garance DUPONT : Mosaïste


C’est à la terrasse d’un café parisien que je retrouve Garance.
Cette jeune femme pétillante exerce depuis 2017 le métier d’artisan mosaïste. Un art « nomade » comme elle aime le qualifier, qu’elle exerce partout en France.

Bien plus qu’une simple profession, le savoir-faire de la mosaïque est pour elle une histoire de famille, une évidence


Garance pour commencer j’aimerais en savoir plus sur ton parcours.

Depuis mon enfance j’ai baigné dans un environnement artistique où l’expression manuelle faisait partie de l’ADN familial. Vraie touche à tout, je n’ai pas su de suite quel métier je souhaitais faire.

Après un Bac L, je me suis orientée vers une école d’Arts Appliqués, l’école Olivier DE SERRES (ENSAAMA) où j’ai suivi des études en scénographie & effets spéciaux. Une spécialisation qui me prédestinait à travailler plutôt dans des métiers liés aux décors pour le cinéma, la muséographie ou bien encore le merchandising de luxe.

Portrait par Lucie BASCOUL


C’est au sein des Ateliers ARTIGO à Paris que je vais durant un an, mettre mes connaissances en application en participant à divers projets créatifs pour de grands noms du luxe français.

A ce stade de ma vie j’étais encore à la recherche de ma propre identité artistique. Une chose était sûre par contre, j’exercerai un métier lié à l’art, c’était évident.

Quel a été le déclic ?

L’élément déclencheur fut la perte de mon grand-père qui va me mener à aller vivre en collocation avec ma grand-mère pendant plusieurs mois. Une expérience inattendue qui s’est relevée être l’une des meilleures de ma vie.

C’est aux côtés de ma « Mémé » comme j’aime l’appeler (plus connue sous son vrai nom : Martine LIONEL-DUPONT) que je vais apprendre le métier de mosaïste pour lequel j’ai une attirance timide dirons-nous à cette époque.

Pas de porte pour le le restaurant  "We are family" - Hossegor
Pas de porte pour le le restaurant We are Family – Hossegor


Mosaïste autodidacte, cela fait plus de 40 ans que ma grand-mère réalise de façon intuitive ses créations dont certaines sont présentes dans des lieux parisiens prestigieux tels que La Tour d’Argent ou bien l’Hôtel Régina.

Nous allons passer ces mois ensemble, à vivre des moments de complicité, de partage, à refaire le monde, tout en créant des mosaïques. A ses côtés je vais acquérir un réel savoir-faire. Découvrir comment appréhender la matière, la vivre, apprendre à lâcher prise aussi. Voici quelques-unes des choses que ma Mémé m’a transmis.

Un apprentissage qui va même nous mener à travailler toutes les deux sur mes 1ères réalisations.


Et qu’elles furent ces 1ères réalisations à 4 mains ?

A cette époque là mes parents (eux aussi amoureux d’art) étaient en train de créer une résidence d’artistes proche de Paris, La Richardière. A cette occasion, ils nous ont confié à ma grand-mère et à moi le projet de réaliser des mosaïques qui viendraient décorer certains sols et murs, de ce lieu artistique.

Une collaboration fructueuse de six mois qui a donné naissance à cinq fresques.

Une expérience unique qui m’a fait prendre conscience que je voulais moi aussi devenir mosaïste professionnelle.

Garance et sa grand-mère en pleine création à 4 mains
Garance et sa « mémé » comme elle l’appelle. Un duo lumineux !

Peux-tu nous en dire plus sur ce métier ? Ce qu’il représente pour toi ?

Le travail de la mosaïque est un artisanat d’art qui lie le décor à l’utile. Il s’agit là de laisser une œuvre pérenne telle une marque indélébile qui sera toujours présente au fil des années qui passent. Ce sont des œuvres résistantes au temps, faites avec des matériaux élégants et offrant un large champ des possibles.

Être mosaïste c’est s’intéresser et donner de l’importance aux petits détails pour faire un tout. Tel le travail d’un orfèvre où chaque pièce est modelée, ciselée afin de lui donner la forme souhaitée.

Ici, chaque bout de tesselles a une importance cruciale afin de créer une œuvre équilibrée.

Aujourd’hui nous sommes environ 20 mosaïstes professionnels en France. Loin de l’image un peu vieillotte que nous pouvons en avoir, la mosaïque peut-être aussi fun & contemporaine. Un style vers lequel je me suis orientée.


En parlant de style, quel est celui de Garance DUPONT ?

J’aime créer des formes dans ces pixels que sont les tesselles. Briser leur rigidité afin de concevoir des formes raffinées, voluptueuses,…

J’apprécie beaucoup le travail de Katsushika Hokusai et notamment la complexité des détails dans ses œuvres.


Niveau colorimétrie, je travaille beaucoup le monochrome. J’aime partir sur des fonds clairs et rehausser mon travail par une note de couleur qui va donner ce côté dynamique à mes créations. Si je devais résumer mes mosaïques je dirais : simples en couleur & complexes en composition.

Quelques soient les projets, chaque création est le résultat d’échanges, de partage avec mes clients. C’est ainsi que je conçois ces œuvres uniques.

De La Richardière au restaurant MAM à Paris en passant par Louis PION ou bien par des réalisations pour des particuliers, chaque projet est fait sur-mesure.


Selon toi quels sont les traits de caractère qu’un mosaïste doit posséder ?

Comme tout métier lié à l’artisanat, il faut être passionné. La passion est moteur.

Ensuite, je dirai qu’il faut savoir lâcher-prise. Ces pixels que nous travaillons ne réagissent pas parfois comme nous le souhaiterions. Tel un bout de verre, il arrive qu’une tesselle soit plus dure à couper que prévue, qu’elle ne se coupe pas comme nous l’espérions. Il faut donc laisser la matière être et accepter ce qu’elle nous donne.

La patience est également l’un des piliers de ce métier. Réaliser des mosaïques prend du temps, beaucoup de temps. Personnellement, je pratique la technique dite « du filet » où je colle un à un chaque bout de tesselle. Un travail minutieux qui requiert de la concentration car une fois déposée, on ne peut plus revenir en arrière. C’est collé !

C’est drôle car quand j’y pense, ce métier est un peu aux antipodes de ma nature plutôt brûlante. J’ai de nombreuses idées en tête qui fusent constamment et pourtant lorsque je débute un projet je suis 100 % focus.

Face à mon « désordre ordonné » (ma table de travail), place au calme et à la sérénité.

Garance en pleine création pour le pas de porte du MAM Restaurant à Paris
Garance en pleine création la Maison de cuisine MAM par Stéphanie. Une collaboration avec @bepoles et @agencecosta

Un peu comme de l’art thérapie ?

Oui, j’aime cette idée. L’art sous quelque forme que ce soit est pour moi une forme d’art thérapie. Il permet à chacun de s’exprimer à sa façon, en se laissant aller et en vivant l’instant présent.

Le travail de la mosaïque sollicite lui aussi l’imagination, l’intuition et l’émotion. Une manière d’appréhender l’art que j’aimerais inclure dans les futurs cours privés ou en petits groupes, que je proposerai prochainement au sein de mon atelier.
Une façon de transmettre à mon tour mon savoir-faire de mosaïste et de faire perdurer cet art du pixel.


Hâte de découvrir ton atelier dans le quartier Belleville à Paris et de pratiquer avec toi ton art lors d’un prochain atelier.


_ _ _ _ _


Envie d’en apprendre plus sur ce métier et l’atelier de Garance ? C’est par ici !


Crédits photos :
©Garance DUPONT
©Lucie BASCOUL
©Aurélie MORIS – Photo création pour SEIZE MAI Esthétique, Lyon